L’expérience d’un médecin qui prescrit des hormones bio-identiques

L’expérience d’un médecin qui prescrit des hormones bio-identiques

Dans mon dernier article, j’encourageais les femmes à «éduquer» leurs médecins sur les bienfaits des hormones bio-identiques, en particulier de la progestérone sous forme de crème transdermique. Aux États-Unis et dans certaines provinces canadiennes, en particulier l’Ontario, on trouve de plus en plus de médecins qui sont ouverts à cette approche et qui sont enchantés des résultats obtenus par leurs patientes. Au Québec, il est plus difficile de trouver des médecins qui prescrivent les crèmes hormonales car contrairement aux médecins ontariens, qui sont protégés par une loi provinciale qui limite le pouvoir de leur association médicale de les «punir» s’ils prescrivent des thérapies alternatives, ceux du Québec vivent dans la crainte de perdre leur droit de pratiquer s’ils ne s’en tiennent pas aux protocoles médicaux conventionnels.

Dans ses conférences et ses écrits, le Dr John Lee faisait souvent remarquer que le principal problème avec l’hormonothérapie, telle qu’elle se pratique couramment en Amérique du Nord, est que les médecins prescrivent des hormones sans avoir une idée exacte des besoins de leurs patientes. De plus, ils prescrivent des hormones non bio-identiques comme le Premarin® et le Provera® qui n’apportent pas à nos cellules le même message que nos propres hormones. Par contre, les hormones bio-identiques, même si elles proviennent d’un laboratoire, sont des copies exactes de nos propres hormones et nos récepteurs cellulaires les acceptent comme si notre corps lui-même les avaient fabriquées.Dans son Bulletin médical mensuel, le Dr Lee a souvent publié des entrevues avec des médecins américains soucieux de prescrire une hormonothérapie qui respecte l’équilibre hormonal et la physiologie féminine. Par exemple, en juillet 2002 il publiait une entrevue avec le Dr C.W. Randolph, M.D. un gynécologue de Floride qui utilisait cette approche depuis cinq ans.

Répondant à une question sur sa façon de procéder lorsqu’une patiente souffrant de problèmes hormonaux venait le voir pour la première fois, le Dr Randolph a expliqué: «Pour commencer, je fais un bilan de son état hormonal à l’aide d’une analyse salivaire et d’un questionnaire sur ses symptômes. Ces résultats me permettent de lui prescrire une hormonothérapie qui ciblera ses besoins particuliers et rétablira l’équilibre hormonal. En général, en très peu de temps les femmes se sentent beaucoup mieux. Elles ont un sentiment accru de mieux-être, la libido revient, elles sont d’humeur plus égale, ont plus d’énergie, les chaleurs et l’insomnie disparaissent, et elles arrivent à mieux contrôler leur poids.»

Le Dr Randolph se déclarait très satisfait des résultats obtenus par les femmes qui font de l’ostéoporose: «Je vois de nombreux cas où il y a une amélioration dramatique de la masse osseuse avec la progestérone et d’autres hormones bio-identiques, dont les oestrogènes et la testostérone. Cependant, pour l’ostéoporose, la progestérone est la clé. Par exemple, l’année dernière une dame de 70 ans est venue me voir. Un test de densitométrie osseuse indiquait qu’elle souffrait d’ostéoporose sévère. Étant donné qu’elle était à risque pour le cancer du sein, je ne pouvais lui prescrire d’oestrogène. Alors je lui ai prescrit une crème à la progestérone bio-identique, ainsi que du calcium, du magnésium et une multivitamine. Un test de suivi, fait récemment, a montré qu’en seulement une année sa masse osseuse avait augmenté de 15%!» Le Dr Lee lui-même a d’ailleurs eu des résultats semblables avec des patientes âgées, dont une avait plus de 90 ans!

Sur la question des risques possibles, le Dr Randolph a admis qu’il s’attire parfois la critique de ses confrères qui croient qu’il n’y a pas suffisamment de données pour démontrer que la crème à la progestérone bio-identique est en mesure de protéger l’endomètre des femmes sous oestrogénothérapie. À cela il répond qu’en cinq ans, parmi les milliers de femmes qu’il a suivies, il n’a vu aucun cas de cancer de l’endomètre ou des ovaires chez celles qui utilisent la crème à la progestérone même si elles prennent des oestrogènes, du moment que ceux-ci sont prescrits «sur mesure», selon les besoins précis de chaque femme. Il a même utilisé la crème à la progestérone pour traiter une femme qui est venue à lui souffrant d’une hyperplasie de l’endomètre avec cellules précancéreuses. Au bout de trois mois une biopsie de l’endomètre a montré que tout était redevenu normal. Un suivi six mois plus tard a confirmé ce diagnostic et le succès de cette approche.

Aux femmes qui veulent se sevrer des hormones non bio-identiques comme le Premarin® et le Provera®, le Dr Randolph explique qu’étant donné que leur foie s’est habitué à travailler très fort pour détoxiquer ces hormones, développant même des enzymes spécifiques pour y arriver, il ne faut pas qu’elles arrêtent soudainement les oestrogènes oraux. Pour éviter le retour de symptômes incommodants pendant que leur foie s’ajuste à un nouveau régime hormonal, il leur prescrit Estrace® (oestrogène oral bio-identique), et il remplace le Provera® par une crème à la progestérone à raison de 50 mg par jour, qu’elles aient leur utérus ou non. Au bout de six semaines, il diminue la dose d’Estrace® de moitié. Éventuellement l’Estrace® est remplacé par une crème magistrale contenant des oestrogènes bio-identiques dont le dosage sera basé sur une analyse salivaire.

Concernant le cancer du sein, le Dr Randolph affirmait que de toutes les patientes qui sont venues à lui avec des antécédents de cette maladie sein, dont certaines prenaient encore du Tamoxifen®, aucune n’a souffert d’une récidive en utilisant la crème à la progestérone. Il a également constaté que plusieurs de ses patientes souffrant de dépression peuvent cesser de prendre des antidépresseurs après quelques mois d’usage de la progestérone. Quand il fait faire un test salivaire à une patiente souffrant de dépression, il dit qu’inévitablement ces femmes accusent une déficience en progestérone.

Le Dr Randolph se disait également satisfait des résultats qu’il obtient avec la crème à la progestérone dans le traitement des fibromes et de l’endométriose (dont j’ai parlé dans des chroniques précédentes). Par exemple, dans le cas d’une femme qui avait des fibromes ainsi que des saignements menstruels extrêmement abondants, les résultats ont été concluants: «Je lui ai prescrit la crème à la progestérone et tout s’est très bien passé. Au bout de six mois ses menstruations étaient redevenues normales, elle ne faisait plus d’anémie et les fibromes avaient presque disparu.» C’est d’ailleurs exactement ce qui est arrivé à cette jeune femme de Montréal dont je vous parlais dans ma chronique intitulée «Les fibromes: comment éviter l’opération?» (voir références ci-dessous).

Références et lectures recommandées:

Bulletin médical du Dr John R. Lee, M.D. juillet 2002

Site web du Dr. Randolph (en anglais seulement): Hormone Well

Voir ma chronique précédente intitulée: «L’avenir de l’hormonothérapie suite à l’étude WHI»

Voir ma chronique intitulée: «Les fibromes: comment éviter l’opération»