Une nouvelle étude remet en question la castration préventive des femmes

Une nouvelle étude remet en question la castration préventive des femmes

L’ablation des ovaires (ovariectomie bilatérale) effectuée lors d’une hystérectomie est une pratique courante en médecine pour prévenir le cancer des ovaires. 55% des femmes qui subissent une hystérectomie aux États-Unis acceptent de se départir de leurs ovaires sains, s’inclinant devant les arguments des médecins en faveur de cette procédure prophylactique. Ceci représente 300,000 castrations préventives par année dans ce pays. Étant donné la similitude des protocoles médicaux en Amérique du Nord, on peut donc dire que la situation est semblable pour les Canadiennes, et compte tenu de la différence de population, représenterait environ 30,000 castrations par année.

Un article dans le numéro de mars/avril du Journal of Minimally Invasive Gynecology suggère que cette procédure peut faire plus de mal que de bien. Le spécialiste William H. Parker, M.D., du John Wayne Cancer Institute au Saint John’s Health Center de Santa Monica (Californie) a effectuée une analyse approfondie de la littérature médicale en ce qui a trait aux bienfaits de l’ovariectomie au moment de l’hystérectomie. Il a analysé les facteurs suivants reliés à la santé de la femme ayant subi une hystérectomie totale (avec ablation des ovaires) : l’incidence des cancers de toutes sortes, les causes de mortalité, les maladies cardiovasculaires, l’ostéoporose et les fractures de la hanche, les coronaropathies, le Parkinson, la démence, le déclin cognitif, la dépression et l’anxiété. Il en a conclu que, à tout considérer, l’ablation préventive des ovaires n’était pas justifiée pour toutes les femmes qui subissent une hystérectomie. Pour les femmes qui ne sont pas fortement à risque de développer un cancer hormonodépendant, les médecins devraient agir avec prudence et discernement et bien expliquer le pour et le contre à leurs patientes avant de procéder à la castration.

La conclusion du Dr Parker devrait donner à réfléchir autant aux femmes qu’à leurs médecins: «À l’heure actuelle, les études observationnelles suggèrent que l’ovariectomie bilatérale peut faire plus de tort que de bien. Étant donné le nombre de femmes à qui on enlève des ovaires sains, les risques à long terme pour leur santé ont des implications importantes tant au niveau de leur longévité que des coûts pour le système de santé.»

Le Dr Parker fait remarquer, comme l’ont fait avant lui le Dr John Lee et bien d’autres médecins qui comprennent la valeur de la fonction ovarienne pour les femme à tout âge, que l’ovariectomie cause une baisse rapide des oestrogènes et androgènes si importants pour leur santé. Même à la postménopause, les ovaires continuent de produire une quantité non négligeable d’androgènes, spécifiquement la testostérone et l’androstenedione, qui sont convertis en œstrogène par l’action de l’enzyme aromatase dans les tissus adipeux. La déficience en œstrogène est associée avec un risque accru de maladies coronariennes, d’ostéoporose (plus spécifiquement de fracture de la hanche) et de troubles neurologiques. Bien qu’il y ait environ 15,000 décès annuellement aux É.-U. causés par le cancer des ovaires, il faut en même temps considérer que 350,00 femmes mourront de maladies des artères coronaires dans ce pays. (Pour le Canada, compte tenu de la différence de population, les nombres seront donc d’environ 1,500 décès causé par un cancer des ovaires pour 35,000 décès causés par des troubles coronariens. À la lumière de ces statistiques, il est assez évident que la santé des femmes est presque 25 fois plus compromise si ces dernières sacrifient leurs ovaires par peur d’un hypothétique cancer considérant le risque que la baisse de leurs hormones endogènes leur fera courir au niveau cardiovasculaire!

Dans un éditorial qui accompagnait cet article du Dr Parker, le Dr G. David Adamson, MD, FRCSC, FACOG, FACS, Directeur de Fertility Physicians of Northern California et ancien président de la American Society for Reproductive Medicine et du American Association of Gynecologic Laparoscopists, fait le commentaire suivant: «Le Dr Parker a rendu un grand service à ses confères gynécologues et aux femmes partout qui doivent prendre une décision difficile au moment de procéder à une hystérectomie. L’ovariectomie préventive n’est pas nécessairement une mauvaise décision pour toutes les femmes, mais une évaluation objective des données présentées par le Dr Parker nous mène à la conclusion qu’en ce moment plus de femmes subissent des ovariectomies que ce qui est médicalement justifiable.»

Référence:

William H. Parker, M.D., Journal of Minimally Invasive Gynecology, numéro de mars/avril 2010. Bilateral Oophorectomy versus Ovarian Conservation: Effects on Long-term Women’s Healthhttp://www.jmig.org/article/S1553-4650(09)01345-4/abstract

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