En hormonothérapie, une femme qui n’a plus son utérus a-t-elle besoin de progestérone?

En hormonothérapie, une femme qui n’a plus son utérus a-t-elle besoin de progestérone?

Une question d’une lectrice de l’Émeraude Plus reflète la confusion et l’inquiétude que bien des femmes ressentent devant deux mythes très tenaces au sujet de la progestérone:

«J’utilise présentement la progestérone bio-identique sous forme de crème. Une naturopathe m’a récemment dit que je ne devais pas utiliser de progestérone puisque je n’avais plus mon utérus. Je suis aussi allée sur le site web de Santé Canada, et il y a une mise en garde contre la Renewed Balance, le produit que j’utilise. Dois-je cesser d’utiliser ce produit?»

Huguette P.


Bonjour Huguette,

Je trouve plutôt curieux qu’une naturopathe n’en sache pas plus sur le système hormonal. La progestérone est une hormone indispensable à l’équilibre hormonal autant chez les hommes que chez les femmes car son principal rôle est de contrebalancer les effets stimulants de l’oestrogène et de la testostérone.

Chez les femmes, le déséquilibre hormonal se manifeste surtout par les symptômes de la dominance en oestrogène, qui peuvent survenir à tout âge, de la puberté à la post-ménopause. Avant la ménopause, les principaux signes de ce déséquilibre sont le syndrome prémenstruel, les fibromes, les kystes aux seins, et même la résistance à l’insuline dont je parlais récemment dans l’Émeraude Plus.

Chez les femmes qui arrivent à la ménopause, la progestérone devient une alliée précieuse face à la perturbation hormonale créée par l’arrêt de l’ovulation. Sans ovulation, la production de progestérone par les ovaires cesse brusquement mais il n’en va pas de même pour l’oestrogène qui diminue beaucoup plus graduellement. L’oestrogène continue d’ailleurs à être produit dans la graisse corporelle par l’action de l’enzyme aromatase – donc à la ménopause vous risquez beaucoup plus de manquer de progestérone que d’oestrogène – surtout si vous êtes stressée.

Le stress a un impact dévastateur sur nos glandes surrénales qui, à cette étape de notre vie, sont devenues notre seule source de progestérone. Si nous manquons de progestérone, l’oestrogène que notre corps produit encore naturellement ne sera pas aussi efficace – ce qui explique d’ailleurs en bonne partie le problème des chaleurs. L’oestrogène et la progestérone sont des hormones qui fonctionnent en synergie – c’est donc un mythe que de dire qu’une femme ménopausée ou qui n’a pas son utérus n’a pas besoin de progestérone – en fait l’absence de l’utérus a un impact sur l’équilibre hormonal de la femme, quel que soit son âge et peut accentuer encore plus le déficit de progestérone même si elle a encore ses ovaires.

En réalité, votre naturopathe ne fait que répéter le credo médical selon lequel à part son rôle dans la grossesse, la progestérone n’a d’autre utilité que de protéger l’utérus contre les effets potentiellement cancérogènes des oestrogènes prescrits dans le cadre des thérapies hormonales de substitution. Il a cependant été maintes fois démontré que la progestérone a également un effet protecteur sur les tissus mammaires. Donc, même si vous n’avez pas votre utérus, vos seins peuvent bénéficier d’un complément de progestérone si vous avez des signes de dominance en oestrogène.

Un autre mythe nuisible et malheureusement très tenace dans le monde médical est que les progestines comme le Provera®, sont l’équivalent de la progestérone. À preuve, les médecins utilisent souvent de façon interchangeable les termes «progestérone» et «progestine». Considérant que la formule moléculaire des progestines est une invention de laboratoire qui n’existe pas dans la nature, il est incroyable que la confusion puisse exister à ce niveau car il est évident qu’il ne s’agit pas de la même substance que la progestérone humaine (ou bio-identique).

D’ailleurs, il n’y a qu’à voir la liste des effets secondaires du Provera® pour se rendre compte que ce n’est pas de la progestérone. Si la progestérone, qui est indispensable à la reproduction humaine, possédait de tels effets secondaires, il y a longtemps que la race humaine se serait éteinte car elle rendrait les femmes infertiles et provoquerait des fausses-couches!Ceci m’amène à la mise en garde que vous avez trouvée sur le site web de Santé Canada concernant la Renewed Balance, sachez tout d’abord que ce produit figure à la liste des crèmes à la progestérone bio-identique approuvées par le Dr John R. Lee, M.D. qu’on trouve sur son site web. Ces crèmes sont en vente libre aux É.-U. mais pas au Canada. Je puis vous assurer que le Dr Lee n’aurait pas recommandé aux femmes du monde entier un produit qui aurait pu présenter un danger quelconque pour la santé et que la FDA aux É.-U. n’en permettrait pas la vente libre.

Cette crème n’a été ciblée par Santé Canada que parce que le Dr Lee, lors d’une conférence qu’il donnait à l’hôpital de Halifax en mars 1997, avait répondu dans l’affirmative à un auditeur lui demandant s’il approuvait de cette crème. Ceci a donné lieu à une plainte de l’Association pharmaceutique des Maritimes, laquelle a provoqué la publication de ce communiqué. C’est toutefois l’évidence même que les fonctionnaires de Santé Canada confondent eux aussi progestérone et progestines, puisque le communiqué parle de la progestérone comme d’un médicament qui pose un danger pour les femmes enceintes et le foetus.

Il y a un bon nombre d’ouvrages écrits par des médecins et des scientifiques que vous pouvez consulter pour vous rassurer au sujet de l’innocuité de la crème à la progestérone bio-identique. Je donne quelques titres ci-dessous.

Je vous souhaitant bon succès dans votre démarche de santé!

Références et lectures recommandées:

Dre Katharina Dalton, M.D., «Once a Month: Understanding and Treating PMS», Éditions Hunter House ou encore lire la chronique intitulée : Une scientifique remarquable a identifié les causes du SPM il y a 50 ans, mais les femmes ne bénéficient toujours pas de cette découverte»

Dr John R. Lee, M.D., «Tout savoir sur la préménopause», Éditions Sully