La résistance à l’insuline chez les femmes

La résistance à l’insuline chez les femmes

Qu’elles soient minces ou bien enveloppées, jeunes ou moins jeunes, les femmes sont plus à risque que les hommes de développer la résistance à l’insuline car l’équilibre des hormones sexuelles, perturbé à la préménopause, est souvent un facteur déclencheur.

Dans le dernier numéro de l’Émeraude j’ai décrit le syndrome métabolique, qui est d’ailleurs synonyme de résistance à l’insuline. J’ai donné l’exemple de Jeannine, une enseignante de 45 ans qui vit beaucoup de stress au travail et à la maison, qui n’a pas une alimentation idéale et qui est trop sédentaire. Elle commence à avoir des symptômes de préménopause qui indiquent une dominance en oestrogène (anxiété, seins sensibles, menstruations abondantes, troubles de digestion, etc.), et en plus depuis quelques mois elle engraisse et un examen médical pointe vers le syndrome métabolique: hypertension modérée (135/87), triglycérides et cholestérol total un peu trop élevés, niveau de «bon» cholestérol faible, et glycémie à jeun à la hausse (même si elle est encore dans la norme). Pris dans leur ensemble, s’ils ne sont pas contrôlés ces facteurs vont s’aggraver et mener tout droit vers le diabète, une maladie cardiovasculaire et même le cancer.

Qu’est-ce que la résistance à l’insuline et comment s’installe-t-elle?

Lorsque nous consommons des glucides (hydrates de carbone), le pancréas doit produire de l’insuline, dont le rôle est de permettre aux cellules d’utiliser le glucose pour produire de l’énergie ou le stocker sous forme de glycogène pour usage futur. Le glucose sanguin doit être maintenu à l’intérieur de limites très précises. Comme c’est le cas pour toutes nos hormones, pour pouvoir faire son travail l’insuline doit se lier à des récepteurs cellulaires qui lui sont spécifiques. Lorsque l’insuline n’arrive plus à «débarrer» la porte de nos cellules, le pancréas se met alors à en surproduction car notre survie en dépend. Mais éventuellement le pancréas ne pourra pas produire assez d’insuline, et ce sera le diabète type 2. Entre temps, l’excès d’insuline dans le sang aura des conséquences néfastes pour le système cardiovasculaire, d’une part en perturbant le métabolisme cellulaire et d’autre part en favorisant l’inflammation partout dans le corps, en particulier au niveau des vaisseaux sanguins – augmentant ainsi considérablement le risque de crise cardiaque.

Sur son site internet, le Dr Marcelle Pick, gynécologue à la clinique Women to Women, fait écho au Dr John R. Lee, M.D.1 en affirmant qu’il y a une relation étroite entre l’insuline et les hormones stéroïdes (oestrogène, progestérone, testostérone). C’est pourquoi l’insulinorésistance augmente le risque de cancer du sein et de l’endomètre.Chez les femmes plus jeunes, la résistance à l’insuline augmente le risque de développer le syndrome des ovaires polykystiques.2

La résistance à l’insuline s’installe de façon insidieuse, presque à notre insu sur une période de temps. Ce n’est pas seulement l’alimentation qui est en cause: la sédentarité et le stress sont des facteurs clés pour créer un cercle vicieux dont il sera très difficile de se sortir.

Le stress, ennemi #1

En réponse au stress, nos glandes surrénales produisent une hormone appelée le cortisol. Le cortisol fonctionne en convertissant les protéines en énergie, libérant le glycogène et réduisant l’inflammation. Mais si les niveaux de cortisol demeurent plus élevés que la normale pour des périodes prolongées, cette hormone devient un ennemi par son action catabolique, c’est-à-dire qu’elle «brûle» les tissus (de là vient le terme «burnout»). Entre autres, le cortisol en excès détruit les tissus musculaires et osseux3, nuit à la digestion et au bon fonctionnement du cerveau, produisant des troubles de mémoire et de l’anxiété. Selon le Dr John Lee, étant donné que le cortisol lorsqu’il est en excès fait concurrence à la progestérone pour les récepteurs cellulaires de celle-ci, il contribue à la dominance en oestrogène tout en diminuant la réponse cellulaire à cette hormone, ce qui entraîner les bouffées de chaleur! Mais si vous prenez de l’oestrogène d’ordonnance pour vos chaleurs, vous risquez fort d’aggraver la résistance à l’insuline et le syndrome métabolique.

Un premier signe de la résistance à l’insuline est que nous engraissons car l’incapacité de nos cellules d’absorber normalement le glucose dans le sang fait que le foie est forcé de le convertir en graisse. La graisse corporelle, et en particulier la graisse abdominale, fonctionne pratiquement comme une glande en fabriquant du cholestérol et de l’oestrogène. Le résultat? Plus de stress = plus de cortisol = plus de résistance à l’insuline = plus de graisse abdominale = plus de cholestérol et d’oestrogène = plus de résistance à l’insuline: un véritable cercle vicieux!

Bien entendu, le contrôle du stress, ce n’est pas toujours évident… il est difficile de changer les situations et les gens, mais il n’en tient qu’à nous de changer notre attitude par rapport aux situations et aux gens. Les efforts de croissance personnelle et de développement de la spiritualité sont une bonne façon de combattre l’ennemi #1 du système hormonal féminin.

Puis il y a les incontournables: le repos, le sommeil et l’exercice. Dans une étude récente on a démontré l’efficacité de l’exercice pour réduire la résistance à l’insuline. Et tel que j’expliquais dans ma dernière chronique, le sommeil est indispensable pour augmenter la production par l’hypophyse de l’hormone de croissance qui à son tour aidera à normaliser le métabolisme des gras et à combattre l’insulinorésistance. Sur le plan de la nutrition, une supplémentation en nutriments tels que le chrome, le magnésium, le manganèse, le vanadium, les vitamines B3, B6, B12, l’acide folique, les vitamines C et E est efficace pour sensibiliser nos cellules à l’insuline.

Références et lectures recommandées:

Voir le site «Women to women»

Dr John R. Lee, M.D., «Tout savoir sur le cancer du sein», Éditions Sully