Déséquilibre hormonal et dépression

Déséquilibre hormonal et dépression

Les symptômes racontent l’histoire des déséquilibres hormonaux.

Ceci est une entrevue avec un médecin de Californie qui a été un collègue du Dr John Lee et qui est maintenant à sa retraite. Un des messages les plus important que ce médecin a apporté à ses patients et patientes est qu’il n’y a pas de formule toute faite pour équilibrer les hormones – chaque personne devant trouver sa propre solution. Voici en particulier ce que ce médecin avait à dire au sujet de la dépression et de la dominance en oestrogènes – terme utilisé par le Dr Lee pour décrire un excès d’œstrogène qui n’est pas nécessairement dû à un haut taux d’œstrogène, mais qui peut être dû à une déficience en progestérone qui laisse l’œstrogène sans l’effet équilibrant de cette dernière. Cette entrevue a été publiée dans le bulletin médical du Dr Lee.

Q: Sur quoi vous basez-vous pour choisir une approche de traitement pour une femme qui vient vous voir et qui se plaint d’une grande variété de symptômes?

R: Il y a une étude très intéressante provenant de l’Angleterre qui démontre que 75% de l’information qui mène à un diagnostic précis, provient de l’histoire détaillée et des antécédents familiaux. Ensuite, 10% des informations proviennent de l’examen physique complet, 5% viennent des examens de routine et 5% viennent d’examens invasifs sophistiqués et couteux. Et il reste un 5% pour lequel vous ne trouvez jamais les réponses. Selon mon expérience, au moins 75% des informations dont j’ai besoin pour faire un bon diagnostic, proviennent d’un interview détaillé – d’une bonne conversation, si vous voulez.

Q: Avez-vous trouvé un pattern précis qui est associé à la dominance en oestrogènes?

R: Pour évaluer s’il y a dominance en œstrogène ou non, j’ai tendance à vérifier 3 ou 4 domaines fondamentaux : les changements au niveau des fluides, les changements au niveau de l’humeur, les changements dans les menstruations et le contexte dans lequel ces changements sont survenus. Les changements au niveau des fluides sur lesquels je me renseigne sont principalement la rétention d’eau : par exemple, les poches sous les yeux, les gonflements, les maux de tête, la sensibilité des seins, et l’enflure des pieds ou des mains. Je me préoccupe des changements qui sont importants comparativement aux fluctuations ordinaires, des changements aberrants. Bien sûr, je regarde le contexte qui pourrait expliquer le changement dans le statut hormonal, comme la périménopause, le commencement d’une thérapie hormonale substitutive, l’hystérectomie, le postpartum, un stress émotionnel ou psychologique sévère. Ceci m’aide à monter un dossier solide pour trouver la cause hormonale qui expliquerait la perturbation au niveau des fluides.

Q: Donc, les maux de tête seraient un symptôme de rétention d’eau ?

R: Oui, assez fréquemment. Les maux de tête semblent être un symptôme très représentatif d’une dominance en oestrogènes. Je ne suis pas certain de la pathophysiologie précise mais ils peuvent être reliés par exemple à la vasodilatation et ils surviennent fréquemment avec quelques autres signes de rétention d’eau.

Q: Que pouvez-vous nous dire au sujet des changements d’humeurs qui surviennent chez une femme qui a une dominance en oestrogènes?

R: Ce que l’on retrouve beaucoup, c’est une «dépression agitée» qui comprend des éléments de dépression ordinaire combinés avec des éléments d’excitation ou d’agitation. Dans les cas sévères, les femmes rapportent qu’elles voudraient littéralement «sauter hors de leur corps». Elles décrivent une sorte de nervosité et d’irritabilité au sujet de tout. Et cela est invariablement exacerbé par un degré significatif d’insomnie. Je pense que les oestrogènes agissent comme excitoxines, lorsqu’ils sont en excès ou déséquilibrés. En fait, j’ai tendance à comparer la dominance en oestrogènes à une toxicité légère à l’œstrogène. Les femmes la décrivent souvent comme un sentiment qu’elles ont une charge électrique dans le corps. Si l’on donne de grandes doses d’oestrogènes à des rats, ils commencent à courir compulsivement – parfois jusqu’à 50 km par jour.

Q: Donc vous avez une hormone qui a tendance à créer la passivité, mais qui crée aussi de l’agitation?

R: Oui, et c’est pourquoi j’utilise le terme de «dépression agitée ». Nous ne voyons pas souvent la dominance en oestrogènes chez une femme qui a seulement des symptômes ordinaires de dépression. Cela est plus comme une dépression anxieuse ou une hyper-vigilance. Cela m’a beaucoup aidé d’apprendre de mes cas les plus extrêmes donc je peux reconnaître les symptômes dans leurs formes les plus minimes. Dernièrement, j’ai vu une femme avec un problème de santé qui a commencé par une dépression post-partum il y a deux ans et demi. Elle était déprimée, anxieuse, et elle sentait intuitivement que ses symptômes étaient hormonaux. Ses médecins lui ont donné des comprimés de Premarin, ce qui a exacerbé ses symptômes et ils ont donc dû ajouter un anti-dépresseur. Cela fait deux ans et demi qu’elle va au lit vers 23 heures, lutte pour dormir jusqu’à environ 3 heures du matin, dort d’un sommeil agité et se lève vers 7h. J’ai reconnu ce pattern de symptômes qui inclut des maux de têtes et des seins douloureux comme une dominance en oestrogènes. Je lui ai conseillé de cesser l’œstrogène (de façon graduelle) et lui ai prescrit une crème à la progestérone bio-identique. Après deux jours de traitement, elle a réussi à dormir de 23h à 7h sans se réveiller. Aussi, elle peut maintenant pour la première fois depuis la naissance de son fils, faire des siestes avec lui. C’est un cas extrême, mais il est aussi assez représentatif.

Un cas encore plus extrême, est celui d’une femme qui a eu un changement assez subit dans son état hormonal il y a quatorze ans, juste après avoir eu une hystérectomie et avoir commencé le Premarin. Elle savait que quelque chose était différent, et elle a commencé à faire de l’insomnie. Ensuite, elle a développé une sorte d’agitation nerveuse, et elle est devenue dépressive. Elle est allée dans une clinique du sommeil, et ils ont trouvé que même lorsqu’elle dormait, elle était réveillée – son cerveau produisant toujours des ondes alpha. La première fois que je lui ai donné de la progestérone, elle a dormi jusqu’à midi, et elle ne prenait que 1/8 d’une cuiller à thé d’une crème à 1.5 %. Environ un mois plus tard, elle a pu cesser son anti-dépresseur.

Q: Y a-t-il des signes physiques particuliers de dominance en oestrogènes, que vous pouvez identifier dès qu’une femme entre dans votre bureau?

R: Ce que je vois fréquemment, c’est une femme avec un visage enflé, rougeaud, particulièrement au niveau des joues. Cela ressemble presque à un coup de soleil. Je vois quand même des femmes qui ont une toxicité aux oestrogènes qui n’ont pas ces caractéristiques, mais ce sont des signes assez courants.

Un autre pattern que j’observe souvent sont les cycles menstruels déréglés. Une femme en périménopause qui a encore ses règles peut avoir une déficience en progestérone, donc une dominance en œstrogène. Ce que j’ai remarqué dans ce cas, c’est que les cycle menstruels commencent à devenir erratiques. Ils ne sont pas réguliers comme à l’habitude. Il semble que la progestérone nettoie l’endomètre plus proprement, ce qui fait que les règles commencent et terminent de façon plus régulière.

Q: Avez-vous une idée de la façon de déterminer la meilleure dose de progestérone?

R: Je pense qu’il est mieux de commencer avec une dose physiologique, comme 15mg 2 fois par jour, et si les symptômes ne s’améliorent pas, augmenter la dose à 25mg deux fois par jour. Pour les cas extrêmes, utiliser jusqu’à 50mg deux fois par jour. Mais trop de progestérone n’est pas nécessairement mieux. Parfois le maximum peut être la dose optimale, mais plus souvent la courbe est en forme de U ou de U inversé. Le rétro-contrôle des récepteurs de progestérone peut être un réel phénomène avec un excès de progestérone. Cela veut dire que si le traitement fonctionne très bien et qu’après quelques mois cela commence à moins bien aller, vous devriez diminuer la dose, et non pas l’augmenter (particulièrement si vous utilisez plus que la dose physiologique).

Q: Quels trucs une femme peut-elle utiliser, pour savoir si ses hormones sont déséquilibrées? Par exemple, si elle recommence à avoir les seins douloureux, cela veut-il dire qu’elle devrait diminuer la dose?

R: Elle devrait diminuer la dose pour voir ce qui va arriver pendant le prochain cycle. Mais cela peut aussi être une indication qu’il faut regarder ailleurs. Nous ne pouvons pas avoir une vision trop restreinte de la chose. Le problème peut venir de la thyroïde, ou de l’alimentation ou être strictement émotionnel. Le plus souvent, dans mon expérience, les symptômes surviennent avec une combinaison de plusieurs déséquilibres. Donc je travaille avec les hormones, mais je regarde aussi ailleurs. Dernièrement, j’ai vu une patiente qui allait à la selle seulement aux quatre jours et qui souffrait de dépression. Elle va vraiment mieux avec la progestérone, mais maintenant nous travaillons au niveau de son alimentation.

Cette entrevue a été originalement publiée dans la Lettre Médicale du John R. Lee, M.D. Vous trouverez cette entrevue et plusieurs autres articles du Dr John Lee sur le site web suivant: http://www.virginiahopkinstestkits.com