La progestérone peut-elle aider les adolescentes qui souffrent de SPM? Et qu’en est-il des anovulants?

La progestérone peut-elle aider les adolescentes qui souffrent de SPM? Et qu’en est-il des anovulants?

La question suivante a été posée à Virginia Hopkins, associée du Dr John Lee et co-auteure de plusieurs de ses livres: «Je suis une infirmière à la retraite et je voudrais un peu plus d’informations au sujet de l’utilisation de la crème à la progestérone pour régulariser les cycles menstruels et contrôler le SPM (syndrome prémenstruel) chez les adolescentes. Une chose que j’ai découverte avec mes 2 filles (une est adolescente et l’autre est dans la vingtaine), est l’impact bénéfique de la progestérone dans la seconde moitié du cycle menstruel, pour régulariser les cycles quand elles sont stressées. Plusieurs femmes dans la vingtaine qui se stressent pour leur carrière, leurs études ou leurs relations ont des cycles menstruels irréguliers. Un débalancement des oestrogènes par rapport à la progestérone peut survenir et plusieurs peuvent devenir déprimées. Mais je vois très peu d’informations en ce qui concerne l’utilisation de la progestérone dans ces cas-là. Il serait très aidant d’avoir de la «vraie» information pour partager avec les gens. Ces filles peuvent avoir des migraines qui se terminent par des bilans coûteux et invasifs. Il y a une solide connaissance de la physiologie hormonale pour supporter l’utilisation de la progestérone. Et ce, surtout si le stress est important, que l’ovulation devient dysfonctionnelle et que cela mène à une dominance en œstrogène?»

Mme Hopkins commence par signaler qu’il n’y a malheureusement pas d’études à double-insu contrôlées par placebo et effectuées sur des milliers de sujets qui permettraient de donner une réponse que le monde médical considérerait comme valide. Elle lamente le fait que la recherche manque désespérément à ce sujet, ce qui est malheureux surtout étant donné que les oestrogènes environnementaux sont de plus en plus présents et affectent les adolescents et les jeunes adultes qui sont à risque de se retrouver avec les symptômes d’une dominance en oestrogènes qui sont en bonne partie les mêmes que les symptômes du SPM et qui représentent des dangers réels pour la santé.

Pourtant, d’ajouter Mme Hopkins, il existe une solide connaissance de la physiologie qui supporte l’utilisation de la progestérone pour le SPM, et il y a aussi plusieurs études qui supportent indirectement son utilisation. Elle se réfère à une étude qui démontre que dans la première année qui suit le début des menstruations, 80% des jeunes filles n’ovulent pas, ce qui veut dire qu’elles ne fabriquent pas de progestérone. Trois ans après le début des menstruations, encore 50% des jeunes filles n’ovulent toujours pas, et après la sixième année, 10% n’ovulent pas encore. Cela représente d’innombrables adolescentes qui sont aux prises avec des ballonnements prémenstruels, une prise de poids, des sautes d’humeurs, de l’irritabilité et de l’anxiété, des maux de tête, des crampes menstruelles débilitantes, les seins sensibles, etc.

Il est vrai que les glandes surrénales produisent un peu de progestérone et par conséquent peuvent suppléer jusqu’à un certain point au déficit de production de progestérone suite à des cycles anovulatoires, mais chez les personnes stressées, les glandes surrénales s’épuisent et deviennent incapables de répondre à la demande. (À noter que les menstruations peuvent apparaître même s’il n’y a pas eu d’ovulation, mais elles auront tendance à être moins régulières car la progestérone joue un rôle important dans la régularité du cycle menstruel.)

À l’instar du Dr John Lee, Mme Hopkins recommande d’utiliser une dose physiologique (20 à 24 mg/jour de progestérone) pendant la phase lutéale du cycle, qui dure deux semaines à partir de l’ovulation ou seulement pendant la dernière semaine de cette phase (jours 19 à 26 du cycle). Elle dit avoir reçu au cours des années des milliers de courriels et de lettres de parents d’adolescentes et de médecins traitants, qui ne jurent que par la crème à la progestérone pour traiter le SPM. La seule mise en garde est qu’une dose trop forte de crème à la progestérone ou de progestérone orale (Prometrium) peut produire des sous-produits de métabolisation comme l’allopregnanolone. Bien que la progestérone se fixe normalement sur les récepteurs GABA du cerveau et a un effet anxiolytique (calmant), lorsque prise en trop grande quantité, elle peut produire un excès d’allopregnanolone et avoir un effet «paradoxal» chez les adolescentes, causant une sensibilité accrue, de l’anxiété, de l’irritabilité et de l’agressivité.

Mme Hopkins réfère également à une entrevue avec le Dr David Zava, Ph.D. intitulé «Teens, Birth Control and Hormone Balance» publiée dans le bulletin médical du Dr John Lee. Le Dr Zava est biochimiste et un expert reconnu dans la recherche sur le rôle des hormones dans le cancer du sein. Il est convaincu que la progestérone bio-identique protège contre le cancer du sein et c’est pourquoi il met les adolescentes particulièrement en garde contre l’usage des anovulants pour contrôler le SPM. Plusieurs chercheurs croient maintenant que les différents types de progestines qu’on trouve dans la pilule, qui n’ont pas les mêmes propriétés que la «vraie» progestérone, pourraient causer des dommages à l’ADN des cellules mammaires immatures des jeunes.

Il s’avère aussi que l’utilisation hâtive et prolongée de la pilule peut avoir des conséquences pour le développement de la masse osseuse car ces hormones synthétiques empêchent la secrétion des hormones que produiraient naturellement les ovaires et qui jouent un rôle essentiel dans le développement de la masse osseuse, processus qui se poursuit jusqu’au milieu de la trentaine. De plus, il n’est pas rare qu’après un certain temps les ovaires oublient comment ovuler et les utilisatrices à long terme des anovulants se retrouvent avec un problème d’infertilité. Le Dr Zava insiste fortement sur l’importance de la nutrition saine et de l’exercice aérobique vigoureux pour permettre aux jeunes adolescentes de maintenir une bonne santé hormonale. Ceci devrait constituer la première ligne d’attaque contre le SPM qui affecte sérieusement la qualité de vie de tant de femmes de tout âge.

 

Lecture suggérée:

 

Tout savoir sur la préménopause, par le Dr John Lee, M.D. Vous y trouverez un excellent chapite sur le SPM.

 

Références: Andréen L, Nyberg S, Turkmen S et al, «Sex steroid induced negative mood may be explained by the paradoxical effect mediated by GABAA modulators,» Psychoneuroendocrinology. 2009 Sep;34(8):1121-32. Vuorento T, Huhtaniemi I, «Daily levels of salivary progesterone during menstrual cycle in adolescent girls,» Fertil Steril. 1992 Oct;58(4):685-90. Concernant la pilule, voir aussi la chronique «Prendre la pilule à des fins thérapeutiques est injustifiable» sous l’onglet «Dossier hormones / Contraception».

 

Sources:http://www.virginiahopkinshealthwatch.com/2011/07/does-progesterone-cream-help-teens-with-pms-and-stress-symptoms/ http://www.virginiahopkinstestkits.com/teensocszava.html