La progestérone fait-elle partie des hormones faussement dites naturelles?

La progestérone fait-elle partie des hormones faussement dites naturelles?

J’ai lu un article d’un grand médecin qui est contre les hormones artificielles et bien sûr contre le système pharmaceutique. Il mentionne ceci: «Les seules hormones naturelles sont celles fabriquées par les glandes hormonales, c’est-à-dire l’hypophyse, les ovaires, les surrénales, la thyroïde…». Ma question est la suivante: est-ce que la progestérone fait partie des hormones faussement dites naturelles?

Merci pour votre réponse.

Jocelyne


Bonjour Jocelyne,

Je serais curieuse de savoir qui est ce «grand médecin» car je ne connais aucun endocrinologue ou expert en hormonothérapie qui tiendrait de tels propos, car c’est essentiellement un problème de sémantique. Bien sûr les seules hormones qui sont produites de façon vraiment naturelle, selon votre définition de ce mot, sont celles que notre corps produit. Mais les questions qui se posent sont: les hormones exogènes, que vous appelez «artificielles» peuvent-elles apporter le même message à nos cellules que les hormones endogènes (que notre corps produit)? Nos cellules voient-elles vraiment la différence ? Est-il possible que les hormones endogènes et exogènes (quelle que soit leur provenance) puissent apporter à nos cellules exactement le même message et par conséquent avoir exactement les mêmes effets?

Dans les années 1930, un jalon dans le domaine de l’endocrinologie a été posé par un scientifique du nom de Russell Marker lorsqu’il a développé en laboratoire un procédé assisté d’enzymes pour modifier la molécule de certains stérols végétaux et ainsi obtenir une copie exacte de la molécule des différentes hormones stéroïdes (progestérone, oestrogène, testostérone, DHEA). Pour éviter l’écueil sémantique de «naturel» v. «artificiel» on utilise maintenant plutôt le terme «hormones bio-identiques» — c’est-à-dire identiques en tous points aux hormones humaines. En biologie comme dans tous les domaines, on reconnaît que toute matière quelle qu’elle soit, se définit par sa structure atomique et moléculaire. Si deux substances ont exactement la même structure moléculaire elles seront à juste titre considérées comme «identiques» et par conséquent elles auront les mêmes propriétés et les mêmes effets. Cela s’applique, bien sûr, aux hormones. Lorsque les femmes et même les hommes utilisent des hormones bio-identiques, que ce soit par voie orale (pilules ou gélules) ou transdermique (crèmes ou patch) le message que ces hormones apportent à leurs cellules est exactement le même que celui de nos hormones endogènes.

Donc, la cellule qui reçoit ce message va réagir de la même façon, que l’hormone provienne d’un labo ou de vos ovaires. C’est pourquoi il est possible pour les hommes et les femmes qui ont des carences hormonales de combler ce déficit de façon sécuritaire, efficace et naturel avec des hormones bio-identiques. En conclusion, je ne peux que plaindre les pauvres femmes qui suivent les avis de ce «grand médecin» que vous mentionnez. Elles se privent de l’aide précieuse que peuvent leur apporter les hormones bio-identiques pour rétablir l’équilibre hormonal qui leur permettra de maintenir leur qualité de vie et même leur santé alors qu’elles traversent les péripéties de la ménopause. Et les hommes eux aussi peuvent bénéficier d’un apport en hormones bio-identiques pour ce qu’on appelle maintenant l’«andropause». Et pour revenir à l’aspect sémantique, le terme «hormones bio-identiques» a de plus en plus cours au sein de la profession médicale car cela distingue cette catégorie d’hormones des hormones non bio-identiques comme le Premarin (provenant de l’urine de juments gravides) et le Provera ou acétate de médroxyprogesterone, qui est une substance étrangère au corps humain.