Engraisser à la préménopause, est-ce inévitable?

Engraisser à la préménopause, est-ce inévitable?

La prise de poids et le changement de la forme du corps chez la femme sont des symptômes classiques de la ménopause. On pourrait pratiquement parler d’une fatalité puisque ça touche environ 90% des femmes entre 35 et 55 ans. C’est comme si nous étions génétiquement programmées pour prendre les quelques kilos nécessaires pour activer le système de rechange, basé sur nos glandes surrénales, qui remplacera la production ovarienne des hormones dont nous aurons besoin pour maintenir la santé du cœur, des os, du cerveau, de la peau, etc. jusque dans notre vieil âge.

Au cours de la décennie que dure la préménopause, les femmes prennent souvent entre 10 et 15 livres (5 à 7 kilos) au rythme d’environ une livre par année. On a constaté que les femmes qui ont une ménopause précoce ou chirurgicale (hystérectomie) prennent souvent du poids beaucoup plus rapidement et que la prise de poids sera souvent plus importante chez elles que chez celles qui ont une ménopause normale.

De plus, la répartition de la graisse qui commence à s’accumuler à la préménopause ou suite à une hystérectomie sera concentrée dans la région de la taille et de l’abdomen (type pomme) plutôt qu’un peu partout sur le corps (type poire). La prise de poids chez les femmes sous hormonothérapie est beaucoup plus rapide à cause de l’apport soudain en œstrogène qui fait monter rapidement les niveaux de cette hormone. Bien entendu, cela n’affecte pas toutes les femmes qui prennent des hormones, mais pour un bon nombre c’est alarmant. Voici un exemple typique des questions que je reçois à ce sujet:


«Présentement je prends Estrace et je trouve que j’ai grossi au niveau des seins et tout le haut du corps. Je me sens ballonnée. Depuis trois ans, je fais du cardio et de la musculation deux fois par semaine, je marche aussi et je fais attention à mon alimentation. Mais depuis que je prends ce médicament, je fais la même chose et je grossis. Une crème à la progestérone peut-elle aider? Que me suggérez-vous? Denise L.


Tout d’abord, si Denise prend seulement Estrace (sans progestérone), c’est qu’elle n’a plus son utérus. Les protocoles médicaux continuent d’aller contre nature en soutenant qu’une femme hystérectomisée n’a pas besoin de progestérone. Pourtant, comme le fait remarquer le Dr John Lee, «il est évident que si la nature a fait en sorte que l’œstrogène et la progestérone sont des hormones qui agissent en synergie, en ne donnant que de l’œstrogène aux femmes qui n’ont plus leur utérus, on détruit l’homéostasie hormonale nécessaire à la bonne santé féminine et on exacerbe l’état de dominance oestrogénique qui tend à s’installer à la préménopause.»1

Une des conséquences de la dominance en œstrogène est la résistance à l’insuline qui met en branle un cercle vicieux qui va conduire à une accumulation excessive de graisse corporelle. Les cellules deviennent de plus en plus «sourdes» au message de l’insuline. Au lieu de servir à la production d’énergie, le glucose est alors stocké sous forme de graisse dans les cellules adipeuses. La résistance à l’insuline fait aussi en sorte que cette hormone est chroniquement élevée dans le sang, ce qui rend pratiquement impossible de perdre du poids. Un niveau élevé d’insuline augmente aussi l’inflammation cellulaire et par conséquent le risque de problèmes cardiovasculaires. C’est également le prélude au diabète Type II.

Éventuellement, on se retrouve dans un véritable cercle vicieux: la graisse viscérale renforce la perte de sensibilité des tissus à l’insuline, et par conséquent une hausse du niveau de cette hormone dans le sang. C’est alors que survient une intolérance aux hydrates de carbone et une diminution de la production de l’hormone de croissance. Par ailleurs, si vous contrôlez mal votre stress les choses vont aller encore plus mal car le cortisol, l’hormone du stress, accroît l’expression de l’aromatase dans les tissus adipeux. Chez la femme, des études ont mis en évidence le lien entre l’élévation du cortisol et l’accumulation de graisse abdominale.

L’insuline et le cortisol sont nos principales hormones «lipogéniques», c’est-à-dire des hormones qui contribuent directement à l’augmentation de la graisse corporelle. Par contre, nous fabriquons aussi des hormones «lypolytiques», (destructrices de graisse) et «anaboliques» (génératrices de masse musculaire). Ce sont: la testostérone, la progestérone, la DHEA, l’hormone de croissance et une hormone thyroïdienne, la T3. La stratégie pour le contrôle du poids à la préménopause passe par le rétablissement de l’équilibre entre ces différentes hormones.

Par contre, il faut aussi se rendre compte que d’essayer de garder sa taille de guêpe n’est plus vraiment réaliste et va pratiquement contre nature. En réalité il faut trouver un juste milieu : il faut avoir assez de graisse corporelle pour produire de «bons œstrogènes» (2-hydroxyestradiol) nécessaires au maintien de la santé des os, de la peau, etc., mais éviter d’en avoir un excès qui mènerait à la production des «mauvais oestrogènes» (16-hydroxylate d’œstrogène) qui augmentent le risque de cancers hormonodépendants. Un excès de graisse abdominale active aussi la transformation de la testostérone vers l’œstrogène par l’action de l’enzyme aromatase.

Voici quelques points en réponse à la question de Denise:

Ne vous alarmez pas d’une prise de poids modérée, du moment que vous maintenez un Indice de masse corporelle (IMC) aux environs de 23 ou 24.

Surveillez de près l’index glycémique de vos aliments pour garder les niveaux d’insuline au minimum.2 Un faible niveau d’insuline (mais suffisant bien sûr pour contrôler le glucose sanguin) est un gage de longévité. Un régime faible en calories est à proscrire car cette approche ne fera qu’exacerber votre problème en causant l’augmentation de la lipoprotéine lipase (LPL) dans les adipocytes viscéraux, ce qui activera encore plus l’aromatase.

Utilisez des produits naturels à l’action anti-oestrogénique. Par exemple, une étude a prouvé l’efficacité de l’indole-3-carbinol (extrait de légumes crucifères) pour évacuer les mauvais oestrogènes (y compris les xénoestrogènes) et protéger les tissus sensibles à l’œstrogène. Il y a aussi le diindolylméthane (DIM) qui a démontré une activité anti-œstrogène et lipolytique importante. Puis il y a la chrysine, extrait de la Passiflore (Passiflora Incarnata). Dans une étude, la chrysine s’est révélée aussi efficace qu’un médicament anti-aromatase, l’aminoglutéthimide3 pour réduire la production de l’oestrogène dans les tissus adipeux.

Le chrome et le vanadium aident à rétablir la réponse cellulaire à l’insuline.4

Il faut contrôler le stress par tous les moyens. Entre autres, des études ont démontré que la méditation et la spiritualité, basée sur la foi en un être suprême, augmentaient les niveaux de DHEA et d’hormone de croissance.

Il ne faut surtout pas négliger l’exercice. C’est la clé non seulement de la bonne forme physique mais également de l’équilibre hormonal puisque l’activité physique aide à éliminer les mauvais oestrogènes et à augmenter les niveaux de progestérone et les autres hormones lypolytiques.

Si vous avez besoin de prendre un supplément d’œstrogène, vous éviterez les effets secondaires comme les ballonnements et les troubles digestifs en utilisant un œstrogène administré par voie transdermique (p. ex. Estrogel) plutôt que par voie orale. Non seulement les oestrogènes pris par voie orale surchargent le foie, mais ils ont des effets secondaires potentiellement plus dangereux à cause de l’effet de premier passage au foie. Bien sûr, la progestérone est indispensable pour contrebalancer l’œstrogène et devrait également être administrée par voie transdermique.5

Pour compléter votre lecture à ce sujet, je vous suggère cet excellent article sur le site web de Nutranews — http://www.nutranews.org/article.php3?id_rubrique=24&id_article=436

Référence et lecture recommandée:
1 John R. Lee, M.D. «Tout savoir sur le préménopause», Éditions Sully.
2 Voir www.montignac.com
3 J Steroid Biochem Mol Biol, 1993. 46(3) : p. 381-388
4 Voir www.aimpourlasante.com et cliquez sur AIM Glucochrom dans la colonne de gauche. Ce chrome organique est une forme biologiquement active de chrome.
5 Dr George Gillson, M.D. «La thérapie hormonale plus efficace et sécuritaire, c’est possible»
www.santedesfemmes.com
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