L’application cutanée de la progestérone fonctionne !

L’application cutanée de la progestérone fonctionne !

Voici une étude qui pourrait aider à résoudre un point très controversé dans le monde médical concernant l’application cutanée de la progestérone (crème ou gel). Bien des médecins font faire des dosages des hormones via des analyses sanguines mesurant les hormones dans le sérum (partie claire) du sang. Cette étude démontre qu’il faut utiliser différentes méthodes d’analyse selon le type de produit utilisé en hormonothérapie. Cet article est un peu aride à lire, mais si votre médecin vous dit que la progestérone ne peut pas être absorbée par la peau, apportez-lui cet article.

Cette étude avait pour objectif d’évaluer la distribution de la progestérone dans le sang veineux entier, dans le sang des vaisseaux capillaires du bout des doigts, et dans la salive, après l’application topique d’une formule de progestérone en crème ou en gel.

Dix femmes ménopausées, choisies au hasard, ont appliqué 80mg de crème ou de gel à la progestérone sur leur peau de façon quotidienne pendant une période de 14 jours sans arrêt. Au dernier jour de chaque période de traitement, des échantillons de sang veineux, de sang capillaire et de salive ont été prélevés fréquemment pendant les 24 heures suivant la dernière application.

Voici les résultats observés après l’application de crème et de gel à la progestérone : la progestérone a augmenté graduellement dans le sérum, atteignant un pic avec la crème à 9h et pour le gel à 8h après l’application; l’AUC0-24 h (concentration plasmatique d’un médicament en fonction du temps) était plus haut pour la crème que pour le gel (12.39 ng/ml vs 8.32 ng/ml). En ce qui concerne le sang entier veineux, on a observé un résultat similaire à ce qui s’est produit dans le sérum, mais les niveaux de progestérone étaient plus faibles. La progestérone mesurée dans la salive a montré un pic à 1h (pour la crème) et à 6h (pour le gel) après l’application, et la concentration maximale était comparable pour le gel et la crème. L’AUC0-24 h était légèrement plus élevé dans la salive que dans le sang ou dans le sérum, mais ne différait pas significativement selon la méthode d’application (39.02 et 58.37 ng/mL). Dans le sang capillaire, le pic a été atteint en même temps et était similaire pour les deux modes d’application (8h); l’AUC0-24 h était également similaire (1,056 ng/mL pour la crème and 999 ng/mL pour le gel) mais les concentrations y étaient dramatiquement plus élevées que dans le sérum ou dans le sang entier.

  • Voici la conclusion des chercheurs: après une application de progestérone sur la peau, les niveaux de progestérone observés dans la salive et dans le sang capillaire sont respectivement environ 10 fois et 100 fois plus élevés que ceux observés dans le sérum ou dans le sang entier. Ces hauts niveaux de progestérone observés dans la salive et dans le sang capillaire indiquent une grande absorption et un transport efficace de la progestérone vers les tissus. Le fait de se fier aux niveaux sériques de progestérone pour faire le suivi d’une utilisation transdermique de cette hormone peut mener à une sous-estimation des niveaux tissulaires et à un surdosage.

En d’autres mots, les professionnels de la santé qui se fient uniquement à des analyses sanguines pour doser la progestérone risquent de créer un surdosage chez les patientes qui utilisent une forme topique de cette hormone. Les analyses les plus fiables pour ces dernières sont les analyses de la salive et du sang capillaire.

Source:From the Department of Obstetrics and Gynecology and Southern California Clinical and Translational Science Institute, University of Southern California Keck School of Medicine, Los Angeles, CA; and ZRT Laboratory, Beaverton, OR; and Department of Preventive Medicine, University of Southern California Keck School of Medicine, Los Angeles, CA. Percutaneous progesterone delivery via cream or gel application in postmenopausal women: a randomized cross-over study of progesterone levels in serum, whole blood, saliva, and capillary blood. Du JY, Zava DT et al. Menopause, 2013 Nov;20(11):1169-75. doi: 10.1097/GME.0b013e31828d39a2.