Les ovaires polykystiques, un déséquilibre hormonal aux conséquences graves

Les ovaires polykystiques, un déséquilibre hormonal aux conséquences graves

Voici ce qu’écrivait le Dr John R. Lee, M.D., dans son bulletin médical de juillet 1999: «Pendant les 30 années où j’ai pratiqué la médecine, j’ai rarement vu des patientes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques. Mais depuis les années 90, c’est devenu une épidémie: on estime que jusqu’à 10% des femmes souffrent de ce trouble hormonal. Et c’est chez les adolescentes et les femmes plus jeunes que l’on voit la plus grande augmentation de ce problème.»1

Et quels sont les risques associés à ce déséquilibre hormonal? Voici ce que rapporte le Medical Journal of Australia: «Les femmes souffrant de ce syndrome ont au moins sept fois (700%) plus de risque de faire un infarctus du myocarde ou une cardiopathie ischémique que les autres femmes, et quand elles atteindront la quarantaine, un diabète type II ou une diminution de tolérance au glucose sera diagnostiqué chez 40% d’entre elles.»2
Il est d’ailleurs reconnu que le syndrome des ovaires polykystiques non traité de façon agressive est le prélude du syndrome métabolique.

Comprendre le syndrome des ovaires polykystiques (SOP)
Ce syndrome, également appelé syndrome de Stein-Leventhal, ou «polykystose ovarienne» est diagnostiqué par la présence de kystes multiples sur les ovaires, accompagnés de tout un ensemble de symptômes, notamment absence d’ovulation, cycles irréguliers avec des règles très abondantes ou une absence de règles, pilosité faciale et corporelle, perte de cheveux de type androgène, acné, et tout ceci est souvent accompagné d’une prise de poids. La résistance à l’insuline sera présente à divers degrés, le bilan lipidique peut révéler la présence de triglycérides élevés, et éventuellement, il pourrait y avoir une perte de densité osseuse. Un test hormonal signalera un niveau plus élevé que normal d’androgènes, surtout de testostérone.

Il est plus facile de comprendre ce syndrome si l’on a une idée de ce qui se passe pendant le cycle menstruel. Au cours des deux premières semaines du cycle, une centaine de follicules commencent à se développer sous l’influence de l’hormone stimulante des follicules (FSH) secrétée par l’hypophyse. Pendant ce temps une montée d’œstrogène stimule la multiplication des cellules de l’endomètre, la muqueuse qui tapisse l’utérus, et le fait épaissir. Le premier follicule qui arrive à maturité «pond» un ovule.
Dès la libération de l’ovule, le follicule, qui en se résorbant prend le nom de «corps jaune», devient une manufacture de progestérone qui viendra contrebalancer les effets de l’œstrogène sur l’endomètre et permettre la gestation s’il y a eu fertilisation de l’ovule. En l’absence de fertilisation, l’œstrogène et la progestérone vont chuter, ce qui va causer le déclenchement des menstruations.

Chez les femmes atteintes de polykystose ovarienne, l’ovule n’est pas libéré et le follicule devient alors un kyste. Ceci va perturber toute la symphonie hormonale car l’hypophyse ne recevra pas le signal de cesser de stimuler le développement des follicules, et cette stimulation continuelle va garder la production ovarienne d’œstrogène et d’androgènes à niveau trop élevé, de là les nombreux problèmes qu’entraîne ce syndrome. Pour en connaître plus sur le syndrome métabolique visitez le site internet de Passeportsantenet.3

Comment explique-t-on cette anomalie?
En se basant sur des études menées sur la faune et sur sa propre expérience clinique, Le Dr John Lee se disait convaincu que l’exposition des embryons femelles aux xénoestrogènes, ces polluants environnementaux qui ont des effets oestrogéniques, pourrait être une cause importante de la dysfonction ovarienne que l’on voit chez de plus en plus de femmes de nos jours. Dès le début du développement d’un embryon femelle, plus de 500 000 follicules sont créés dans les ovaires. Des études montrent que la création de ces follicules est très affectée par les xénoestrogènes. Si la mère est exposée à certains produits chimiques, elle ne se rendra pas compte des dommages à son enfant, qui paraîtra normal à la naissance. Mais cette petite fille naîtra peut-être avec des follicules dysfonctionnels, incapables de produire une ovulation ou de fabriquer suffisamment de progestérone même si l’ovulation se produisait. Je vous invite à visionner une excellente présentation sur les xénoestrogènes.4

Le régime alimentaire: principal coupable
Le SOP a fait l’objet de nombreuses études, et on se rend compte que les jeunes femmes souffrant de ce syndrome consomment souvent une grande quantité de sucre et d’hydrates de carbone. L’excès d’insuline secrétée par le pancréas en réponse à des niveaux élevés de glucose sanguin stimule les récepteurs ovariens de testostérone, causant la pilosité faciale et corporelle, la perte de cheveux et l’acné. Éventuellement, la résistance à l’insuline s’installe, ce qui crée un cercle vicieux puisque la testostérone joue un rôle pour empêcher la libération de l’ovule et contribue ainsi à la multiplication des kystes ovariens.

Que faire?
Sur le plan de l’alimentation et du style de vie, il faudra bien sûr adopter un régime riche en fibres alimentaires, faible en gras saturés et pauvres en aliments à index glycémique élevé. À noter que des études récentes indiquent que la cannelle peut réduire les taux sanguins de glucose et la résistance à l’insuline. Le contrôle du poids est très important car la graisse corporelle, surtout à l’abdomen, augmente la production d’œstrogène. Également important est le contrôle du stress, qui fait augmenter les niveaux de cortisol – une hormone surrénalienne qui a un impact sur le fonctionnement des ovaires. Il est bon aussi d’éviter les antidépresseurs, dont certains entravent le fonctionnement normal du cerveau limbique et de l’hypothalamus.

Les approches médicales sont basées soit sur les contraceptifs oraux pour réduire l’acné et l’hirsutisme ou sur les progestatifs (Androcur, Micronor, Depo-Provera) pour réduire les niveaux d’œstrogène et de testostérone. Par contre, certains contraceptifs peuvent diminuer la tolérance au glucose et hâter la progression vers le diabète. Il y a aussi des contraceptifs qui peuvent faire augmenter la production des kystes ovariens.
Dans son livre «Tout savoir sur la préménopause»5 le Dr Lee préconise une approche holistique comprenant l’usage d’une crème à la progestérone bio-identique pendant les deux dernières semaines du cycle. Il affirme qu’une telle approche peut permettre de rétablir l’équilibre hormonal en six mois environ, au bout desquels les signes d’androgénie se seront estompés ou auront disparu. Un point important à noter est que les traitements aux progestatifs synthétiques n’auront pas le même effet pour rétablir l’équilibre hormonal que la progestérone bio-identique.

Références et lectures recommandées:
1
The John R. Lee Medical Letter, juillet 1999
2
Medical Journal of Australia, 1998: 537-540
3 Passeportsantenet, Le syndrome métabolique
4
Cliquez ici pour visionner la présentation «Cancer du sein et environnement» du professeur Pierre-Marie Martin
5
John R. Lee, «Tout savoir sur la préménopause», Éditions Sully