Vrai ou faux: la quasi-totalité des fausses couches sont causées par des fœtus défectueux?

Vrai ou faux: la quasi-totalité des fausses couches sont causées par des fœtus défectueux?

Dans un récent bulletin de passeportsante.net, dans le cadre d’un quiz vrai-faux par le Dr Martin Winkler sur la fécondité et la contraception, il y avait une question à savoir si une femme qui n’a pas un cycle de 28 jours aura des difficultés à être enceinte.1  La réponse, bien sûr, était FAUX. Comme l’explique le Dr Winkler, les femmes qui ont un cycle court ne sont pas plus aptes à devenir enceintes que celle qui ont un cycle plus long. En d’autres mots, la longueur du cycle n’a rien à voir avec la fertilité, et en passant, la phase lutéale (post-ovulatoire) du cycle est toujours de 14 jours. Donc, si vous voulez savoir quand vous avez ovulé, faites le compte à rebours à partir du jour où vos règles se sont déclenchées.

Par contre, dans cette même réponse, le Dr Winkler affirme: «Un grand nombre d’ovules (ovocyte fécondé par un spermatozoïde) ne deviennent pas un embryon et un grand nombre d’embryons ne s’implantent pas dans l’utérus car ils ne «tiennent pas». Pourquoi? «Parce que,» dit-il, «la survenue d’une grossesse découle d’un nombre important de facteurs imprévisibles, à commencer par la combinaison des gènes des parents biologiques qui relève du hasard et qui peut se révéler non viable. C’est ce qui explique le grand nombre de fausses couches spontanées du premier trimestre. On sait aujourd’hui que la quasi-totalité de ces fausses couches sont normales: elles correspondent à des grossesses qui ne tiennent pas car l’embryon n’est pas génétiquement apte à survivre.»

Cet article sur passeportsante.net n’était pas ouvert aux commentaires, mais s’il l’avait été j’aurais fait remarquer au Dr Winkler que c’est peut-être une exagération de dire que la quasi-totalité des fausses couches sont dues à des embryons défectueux. C’était peut-être vrai dans le temps de nos grand-mères, mais de nos jours avec le style de vie trépidant et le stress physique et psychologique qui l’accompagne, sans parler de l’alimentation souvent défectueuse des jeunes femmes en âge de procréer, il est raisonnable de penser que d’autres facteurs causatifs des fausses couches commencent à prendre assez d’importance pour mériter d’être mentionnés. Par exemple il y a l’insuffisance lutéale. Voici ce qu’en dit Doctissimo.fr sous la rubrique «Prévention d’avortement à répétition par insuffisance lutéale» 2 :

Insuffisance lutéale: insuffisance de sécrétion, pendant la phase post-ovulatoire du cycle menstruel, de progestérone par le corps jaune ovarien. En période d’activité génitale, cette insuffisance, réelle ou relative par rapport à la sécrétion oestrogénique, n’entraîne pas de symptômes cliniques spécifiques mais notamment:

  • un syndrome prémenstruel,
  • des irrégularités menstruelles par dysovulation ou anovulation,
  • des mastopathies bénignes,
  • des dysménorrhées.

La progestérone est une hormone qui prépare l’utérus à la nidation de l’ovule après sa fécondation. Elle est synthétisée essentiellement par l’ovaire et, à un moindre degré, par le testicule, les glandes surrénales et par le placenta au cours de la deuxième partie de la grossesse.

De nos jours, le système hormonal des jeunes femmes est grandement perturbé non seulement par le stress, qui entraîne la production excessive de cortisol et épuise les glandes surrénales, mais aussi par la présence des nombreux perturbateurs endocriniens (xénoestrogènes) qui polluent notre environnement. Voici ce qu’explique le Dr John Lee, M.D., dans son livre Tout savoir sur la préménopause  : « Les follicules ovariens constituent la principale source de progestérone chez la femme. Quand ils sont endommagés par les xénohormones (produits chimiques qui agissent comme perturbateurs endocriniens) au début de la vie embryonnaire, la production de progestérone finit par baisser chez la femme adulte, induisant un arrêt de la phase lutéale se traduisant par des fausses couches précoces. »  Dans le monde pollué dans lequel nous vivons, il est évident que l’insuffisance lutéale devrait être considérée chez les femmes qui font des fausses couches à répétition.

On sait que la présence d’une quantité suffisante de progestérone, secrétée par le corps jaune (ce qui reste du follicule ovarien qui a «pondu» un ovule au moment de l’ovulation et qui en se résorbant forme une tache jaune à la surface de l’ovaire, de là son nom) est indispensable pour permettre à l’embryon de s’implanter dans l’endomètre, sans quoi il sera évacué. Si l’ovule est fécondé, le corps jaune produira des hormones qui réguleront le développement du placenta, la suppression des règles et l’accroissement des glandes mammaires. Mais le rôle du corps jaune ne s’arrête pas là. Sa contribution s’étendra sur environ douze semaines jusqu’à ce que le placenta puisse prendre la relève dans la production de progestérone, qui est indispensable au maintien de la grossesse jusqu’à terme. Une insuffisance de progestérone peut mener non seulement à des fausses couches, mais également à des contractions qui donneront lieu à des avortements ou des naissances prématurées.

L’expérience clinique de bien des médecins, dont les plus connus sont la Dre Katharina Dalton en Angleterre et les Drs John Lee, Jonathan Wright et Christiane Northrup aux États-Unis, indique que l’administration de progestérone transdermique peut aider à éviter des fausses couches causées par une insuffisance lutéale. Cette application peut se faire sur l’abdomen, surtout dans le cas de contractions prématurées car la progestérone est un puissant relaxant musculaire.

Une autre raison pour les fausses couches, qui pourrait s’avérer importante, vient d’être confirmée par une étude: il s’agit de la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’aspirine qui empêcherait la nidation de l’embryon. Donc si vous planifiez de devenir enceinte, il est sage de vous abstenir de ce type de médicament. L’alcool et le tabac sont également à éviter. Même si ces derniers ne provoquent pas nécessairement des fausses couches ou des avortements, cela peut avoir des conséquences à vie sur sa santé de l’enfant à naître.

 

http://dictionnaire.doctissimo.fr/definition-prevention-d-avortement-a-repetition-par-insuffisance-luteale.htm

Références:

Dr Katharina Dalton, M.D. «Once a Month» (Tapez le mot «Dalton» dans la barre de recherche du site santedesfemmes.com)
Dr John R.l Lee, M.D. «Tout savoir sur la préménopause»
Dr Christiane Northrup, M.D. «La sagesse de la ménopause»
Dr Jonathan Wright «Stay Young and Sexy with Bioidentical Hormone Replacement»