La progestérone et la qualité du sommeil

La progestérone et la qualité du sommeil

Une étude très intéressante provenant de la Belgique nous donne un meilleur aperçu des raisons pour lesquelles la progestérone nous aide à dormir. Cette étude démontre que les femmes qui prennent une pilule de 300mg de progestérone avant le coucher dormiront plus rapidement, resteront endormies plus longtemps, augmenteront leur production d’hormone de croissance et auront des niveaux d’hormones thyroïdiennes plus stables. Ces résultats contrastent avec les résultats obtenus avec les autres types de médicaments pour le sommeil, lesquels tendent à supprimer le sommeil profond.

Les médecins qui utilisent les hormones bio-identiques prescrivent la progestérone orale depuis plusieurs années dans le but de combattre l’insomnie, mais peu de recherche a été menée pour mieux comprendre les effets de la progestérone sur la qualité du sommeil.

Une étude randomisée, à double-insu et contrôlée par placebo, a été effectuée pendant une période de 3 semaines sur 8 femmes ménopausées en santé, âgées de 48 à 74 ans, sans problèmes de sommeil et ne prenant pas d’hormones ni autres médicaments. Les femmes prenaient le médicament à 23h et leur sommeil était surveillé à l’aide d’électrodes. Un cathéter attaché à leur bras servait à faire un prélèvement toutes les 15 minutes pour évaluer les niveaux d’hormones sanguines et ce, sur une période de 24 heures.

Le sommeil des femmes était «considérablement perturbé» à cause des fréquents prélèvements sanguins, mais les femmes qui prenaient la progestérone avaient 53% moins d’insomnie après avoir été dérangées, voyaient leur sommeil total augmenter de 50% et leur sommeil profond, de 45%. Pendant la nuit de référence dans laquelle il n’y avait pas de prélèvements, on n’a pas observé de différence de la qualité du sommeil entre les femmes qui prenaient de la progestérone et celles qui n’en prenaient pas.

On a également constaté que la prise de la progestérone n’affecte pas les niveaux d’estrogènes, de DHEA ou de testostérone.

Les femmes qui ont pris la progestérone avaient un taux de mélatonine 40% plus bas, et un taux d’hormone de croissance 50% plus haut. Un meilleur sommeil malgré un plus bas taux de mélatonine pourrait indiquer qu’il y a un besoin moins grand pour la mélatonine lorsque la progestérone est plus élevée dans le système ou que la progestérone facilité la production de mélatonine par la glande pinéale. L’augmentation de l’hormone de croissance est une constatation très intéressante car cette hormone est la clef de la régénération cellulaire qui se produit pendant le sommeil.

Les taux de TSH (Thyroid Stimulating Hormone), étaient de 25 à 30% plus bas chez les femmes prenant de la progestérone. Les chercheurs émettent l’hypothèse que «… avec la progestérone, de plus basses concentrations de TSH sont requises pour maintenir un taux de thyroxine adéquat» ce qui indiquerait un meilleur fonctionnement de la glande thyroïde.

Les chercheurs concluent aussi que, «… la progestérone peut restaurer un sommeil normal chez les femmes ménopausées, lorsque leur sommeil est perturbé par des conditions environnementales». La progestérone n’agit pas comme un hypnotique conventionnel (c’est-à-dire qu’elle n’induit pas un sommeil artificiel), mais agirait plutôt comme un régulateur «physiologique». Ils ont aussi noté que «…ces observations ne peuvent pas être transposées aux analogues de la progestérone comme les progestines, car ces dernières peuvent agir sur différents récepteurs et avoir des effets différents – ou même opposés». La conclusion finale est que la progestérone peut «…fournir des stratégies de thérapies novatrices pour le traitement des désordres du sommeil, et en particulier chez les personnes agées.»

Nous devrions aussi noter que 300mg de progestérone orale constitue une très forte dose, et que les médecins qui prescrivent les hormones bio-identiques aux États-Unis et au Canada tendent plutôt à utiliser une dose standard de 200mg de Prometrium. Pour certaines femmes, une dose de 100mg de Prometrium suffit et aide à éviter les effets secondaires d’un excès de progestérone, comme les nausées et la somnolence dans le jour. Du reste, une dose de 20 à 30mg de crème à la progestérone bio-identique au coucher peut avoir des effets similaires pour les femmes qui souffrent d’insomnie mais ont de la difficulté à tolérer la progestérone sous forme orale, qui peut congestionner le foie à la longue.

Références:

 

Caufriez A, Leproult R, L’Hermite-Balériaux M et al, «Progesterone prevents sleep disturbances and modulates GH, TSH, and melatonin secretion in postmenopausal women», J Clin Endocrinol Metab. 2011 Apr;96(4):E614-23. Epub 2011 Feb 2.